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Aujourd’hui, il faut des muscles, de la virilité, des muscles, du machisme, encore des muscles et ne surtout pas utiliser son cerveau… Oups !
Je vous entends déjà toutes hurler et c’est tant mieux !! Hé oui, être un homme ne garanti pas une réussite à l’examen. Surprise ! Il n’est pas non plus nécessaire de posséder leurs « qualités » physiques pour réussir les épreuves. Pour celles qui en douteraient encore, la moto est une question d’équilibre, de dosages délicats, de technique toute en souplesse et d’élégance, bien sûr. Cela n’a donc absolument rien à voir avec un quelconque attribut masculin. De plus, les hommes capables de soulever 200 kg à bout de bras sont plutôt rares en ce bas monde (même s’ils voudraient nous faire croire le contraire). Il n’y a donc pas de quoi rougir lorsque l’on ose nous rétorquer que la moto c’est trop lourd pour une fille.
Nous voila rassurées… finalement la moto n’est pas uniquement réservée à Batman et autres super-héros. Il est alors temps de nous l’approprier ! C’est ainsi que je me suis présentée à l’auto-moto école début novembre, avec une impatience telle que je ne me suis même pas rendue compte que l’hiver approchait.
L’équilibre
Oui, oui, je viens de vous dire que la moto c’était aussi pour les filles. Mais comment faire lorsque nos pieds ne veulent pas atteindre le sol ? La clé c’est de parvenir à trouver son équilibre, après quoi il devient quasi-inutile de pouvoir poser ces deux pieds par terre. Ne pas prendre appui avec ses pieds requiert une plus grande rigueur dans l’apprentissage. Je ne vous cache pas que j’ai trouvé les débuts plutôt éprouvant, en tant que débutante à part entière, il m’a fallu bien plus d’heures de cours que certains pour arriver au même résultat. A ce moment là, je me suis rendue compte que je n’avais en réalité absolument aucun muscle digne de ce nom dans le corps. Une fois ce constat établit je n’ai pas abandonné, non, non, non ! Je me suis bougée les fesses. Littéralement. Savoir se déhancher, voila le secret d’un bon équilibre. Au diable les muscles et la taille de nos gambettes !
Les chutes
Il apparait ensuite bien plus aisé de manœuvrer (à allure lente ou rapide) une fois qu’on a trouvé son équilibre. Mais avant cela nous sommes toutes tombées, et plus d’une fois en ce qui me concerne… C’est en quelque sorte un passage rituel vers une meilleure maitrise de la bête. En plus, c’est le moment idéal pour en faire des tonnes, se plaindre et exagérer la douleur. Lorsque vous remontrez sur la moto quelques minutes plus tard, vous vous sentirez encore plus courageuse. Si, si, ça marche ! Un peu de baume au cœur après une chute est toujours bon à prendre, non ? Si vous êtes une vraie trouillarde comme moi équipez vous bien pour vous sentir un peu plus en sécurité. Car même si c’est un sentiment tout relatif face aux dangers de la circulation, c’est rassurant de se croire mieux protégé. Et puis un jour, vous gérez comme une pro sur la route et bim ! L’élève derrière vous tombe et vous entraine dans sa chute. Il ne roulait pas en quinconce…mauvaise habitude de scootériste ? Quoi qu’il en soit, une fois passé l’état de choc, j’ai soudain pris confiance en moi ! Quelle joie de pouvoir rejetée en tout état de conscience la faute sur quelqu’un d’autre, et un homme en plus.
L’hiver
Ayant passé mon permis en hiver, autant vous dire que j’ai maudit la météo quasiment à chaque leçon de conduite. Soit il pleuvait, soit il y avait beaucoup de vent, soit il faisait très froid. Et souvent les trois en même temps ! Ca n’aide pas vraiment à rester concentré et motivé. Au début, lorsque l’on est à allure lente sur le plateau on sent moins le froid, avec la chaleur du stress ça devient même agréable, ça apporte un peu d’air frais à travers le casque. Mais dès qu’on arrive sur le plateau pour l’épreuve rapide, au bout de 3 heures ça devient très difficile. Les doigts sont frigorifiés, les yeux douloureux, et les genoux ont abandonnés la lutte. Le coup de grâce arrive lorsqu’il faut reprendre l’autoroute sur le chemin du retour. Le trajet est interminable et actionner les commandes devient un calvaire même avec des sous gants. Apparemment je suis un peu maso puisque j’ai décidé de partir pour Montréal en plein mois de décembre. Je n’avais pas encore assez froid alors j’ai voulu me frotter à la tempête de neige… ! Erreur monumentale car à mon retour le vent a soudainement décidé de faire un détour par la Sibérie avant d’arriver à Paris. La fin du mois de Janvier à été vraiment dur sur la moto. Ajoutez à cela, l’accumulation d’heures et l’impression de ne pas progresser, je commençais à être vraiment impatiente d’en finir.
L’examen
Le froid m’a vraiment boosté, toute action, tout geste relevait pour moi d’un effort surhumain. Début février je me présente donc à la première partie de l’épreuve (il faisait à peu près -7°C) avec un élève, qui était avec moi durant les leçons. Je n’étais absolument pas confiante, j’étais persuadée de tout rater, j’angoissais, je paniquais… Bref, je me présentais à un examen. L’élève de mon auto-école passe le premier et rate son premier parcours. Je le vois alors, lui aussi, complètement paniqué et n’arrivant pas à gérer son stress. Je m’angoisse pour lui, espérant vraiment qu’il réussisse, oubliant les craintes de mon passage. Les parcours que nous avons eus n’étaient pas les plus difficiles et nous avons tous deux passés les épreuves avec succès. Le jour de l’épreuve en circulation, il faisait si froid que l’inspectrice a écourté la séance. Ouf ! Me voila ainsi libérée, gelée et victorieuse !
Vous l’aurez compris, il n’existe pas de solution miracle pour réussir. Il s’agit surtout d’une bonne dose de persévérance mélangée à des cours de qualités avec beaucoup de patience. Le permis est une épreuve peut être un peu plus dure pour les filles mais c’est loin d’être insurmontable je vous assure !
N’étant ni grande ni musclée j’y suis arrivée en apprenant à me déhancher pour mieux maitriser la moto. Le reste de la technique s’apprend petit à petit avec son moniteur : l’anticipation, le contre-braquage… être une fille n’est vraiment pas un handicap pour apprendre tout ça. D’autant que nous avons tendance à être plus consciencieuses et plus rigoureuses qu’un homme car l’effort demandé est plus important. Par contre s’il y a bien une chose que je vous déconseille c’est de faire un break. Même deux petites semaines c’est déjà beaucoup. On a l’impression d’avoir tout oublié en remontant sur la moto. Ca m’a beaucoup déstabilisé.
Si vous avez des questions, des difficultés, des expériences, des conseils à donner (que vous soyez au moment de franchir le pas, en train de le passer, ou pilote aguerri !) racontez nous tout !!