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Je crois qu’il n’y a pas un jour ou je ne prends pas ma moto. Je roule par presque tous les temps : il n’y a que le verglas et la neige qui m’arrêtent.
J’adore être à deux-roues. J’ai aimé mes deux scooters, j’ai adoré passer mon Permis A et j’adore être à moto aujourd’hui ; avaler des kilomètres ne me fait pas peur. Malgré tout, j’ai ce cauchemar qui ne me quitte jamais : celui de l’accident grave. Celui qui fait qu’il y a un avant et un après, celui qui fait que rien ne sera plus jamais pareil.
J’ai investi dans des équipements de qualité, à ce jour j’en suis à 1200€. Et pourtant, il m’apparait une faille terrible dans notre protection de motard…
A noter : dans cet article je parle de « moto » et de « motards ». Il est bien évident que ce qui est dit est valable de la même manière pour les usagers à scooters (les « scootards »). Il est faux de croire que l’on est plus protégé à scooter.
Prise de conscience
Regardez cette image ci-dessous. Qu’en pensez-vous ? Quel est le premier sentiment qui vous vient ?
Probablement, vous êtes en train de vous dire : « voilà un motard qui est bien protégé ». Une combinaison intégrale, avec des coques aux articulations et a priori dans le dos, des bottes, des gants robustes, un casque intégral, et en plus la couleur blanche de l’ensemble qui assure une bonne visibilité.
Oui. Mais il saute aux yeux une faille, un « trou dans la raquette » : le cou. Il est nu, et libre :
Concrètement, en cas d’accident le cou doit encaisser :
- des hyper-flexions : le menton part violemment vers le bas sur le thorax ;
- des hyper-extensions : le menton se dresse brutalement et l’arrière du crane va toucher le dos ;
- des hyper-rotations : le menton part en butée vers la droite ou vers la gauche.
Ça fait froid dans le dos.
- déplacement de vertèbres
- pincement du canal rachidien
- rupture de nerfs
- rupture de la moelle épinière
Il en résulte inévitablement :
- paralysies partielles ou totale
- mort
Réflexion sur le casque moto : ami ET ennemi
Le casque moto est la base de notre équipement à deux-roues. Il divise par 3 le risque de traumatisme crânien, en absorbant le choc et en le diffusant sur une surface la plus grande possible. Également, il protège notre fragile visage des frottements sur le goudron en cas de glissade.
Cependant, sur la question de la protection du cou et des mouvements excessifs, il peut devenir notre pire ennemi : en ajoutant du poids il augmente l’énergie cinétique de la tête. Et c’est cette énergie que doit encaisser le cou en cas de choc.
En outre (rappel de physique ordinaire) : « quand on double la vitesse, on quadruple l’énergie cinétique ».
La formule de l’Énergie Cinétique (celle que tout objet acquière en se déplaçant) est la suivante :
m est la masse de l’objet ;
v est sa vitesse.
Quand on double la vitesse (autrement dit : la vitesse v devient v x 2) :
L’énergie cinétique est multipliée par 4 quand on double la vitesse. C’est cette énergie, très forte et puissante, qui détruit, tord, atomise les objets, même les plus solides qui existent.
Notre cou doit donc, en cas d’accident, supporter :
- une augmentation exponentielle de l’énergie cinétique avec la vitesse
- un sur-poids de la tête qui accentue encore plus l’énergie cinétique : un casque pèse environ 1,3kg – 1,5 kg.
En cas de choc, l’urgence est donc de protéger le cou en maintenant rectiligne la colonne vertébrale, c’est à dire en respectant l’axe tête-cou-tronc. C’est la seule solution pour éviter un traumatisme irréparable.
La protection des cervicales à moto
Si l’on résume notre image du motard parfait (celle du début de cet article), et cela illustre bien ce que l’on voit tous les jours :
Il n’y a pas de protection pour le cou. C’est clairement une faille, grave !
Comment résoudre ce problème ?
L’offre sur le marché de la protection moto est bien pauvre, c’en est étonnant et désolant.
J’ai noté 3 parades faces aux hyper-mouvements du cou :
- Le blouson à bosse, dit camelback, utilisé en Moto GP, mais d’après ce que j’en lis, c’est avant tout pour assurer l’aérodynamisme du pilote (ici Rossi). En outre, cela n’empêche ni l’hyper-rotation, ni l’hyper-flexion…
- Le protège cervicales permanent, utilisé en Moto Cross, qui est une sorte de minerve permanente. Solution « cheap » et, à mon avis très inconfortable.
- L’airbag, c’est le concept qui me parait le plus efficace et prometteur…
Je vous propose dans un autre article (d’ici quelques jours) un état des lieux en 2013 des aribags moto : offres, tarifs et normalisation européenne. A noter : je compte m’en acheter un très prochainement.
Conclusion : le cou, une articulation à protéger !
Dans cet article on a vu que le cou est une articulation qui n’est pas protégée, à la différence des autres : les genoux, les coudes (avec des coques), le dos (dorsale), les phalanges (gants), les chevilles (bottes)…
C’est une faille car le cou abrite la moelle épinière qui descend tout le long du tronc pour relier notre cerveau à nos membres et organes : une lésion de celle-ci entraîne immédiatement une paralysie, partielle ou totale.
Au titre des protections, il semble que l’airbag soit la seule vraiment valable : à voir dans un prochain article consacré à cet équipement, car nous n’en sommes qu’aux balbutiements.